Marguerite Lemaignan - Diététicienne gourmande

Equilibre alimentaire...ou équilibre tout court ?

Penser qu’une alimentation équilibrée peut résoudre tous les problèmes de surpoids est illusoire. Il y a autant de surpoids différents que d’individus, et le diététicien doit envisager ses patients dans leur globalité

La balance énergétique…on s’en balance ?

Penser qu’une alimentation équilibrée peut résoudre tous les problèmes de surpoids est illusoire. Il y a autant de surpoids différents que d’individus, et le diététicien doit envisager ses patients dans leur globalité et non comme des réceptacles à entrées et sortie d’énergie.

La diététique repose sur le fait que le bilan énergétique (Alimentation Vs dépenses ) doit s’équilibrer. Ainsi le but avoué des régimes est de déséquilibrer cette balance pour « faire maigrir ». Même les régimes déguisés sous le nom de « rééquilibrage alimentaire » sont en réalité des déséquilibrages.

Mais un corps qui a grossi est un corps en état de déséquilibre. Rajouter des contraintes supplémentaires empire encore ce déséquilibre au lieu de le corriger.

Comment imaginer qu’une personne qui dort mal parce qu’elle souffre de la faim ou qui limite ses sorties entre amis pour ne pas subir de « tentations » peut trouver un quelconque équilibre dans cette situation psychologiquement désagréable voire nuisible ? C’est pour cela que les régimes font plus de mal que de bien (cf article « Pourquoi les régimes ne fonctionnent pas ?»).

Tout changement de comportement alimentaire doit respecter les « besoins » de la personne dans leur globalité.

L’écoute de ses sensations alimentaires … Nécessaire mais pas suffisant !

Bien sûr une bonne gestion du poids est impossible si les apports sont excédentaires aux dépenses. Se fier à ses sensations de faim et satiété, et adapter son comportement alimentaire au contexte pour gagner de la flexibilité semble bénéfique.

Le postulat de base qui sous -tend cette logique est que la physiologie de l’être humain est un système auto-régulé. C’est aussi vrai pour le pH sanguin et la température corporelle que pour l’alimentation. Les bébés ou les très jeunes enfants savent parfaitement adapter ce qu’ils mangent à leurs besoins. Ils mangent selon leur faim et grandissent harmonieusement.

Mais l’apparition de perturbateurs divers au cours de la vie vient compliquer l’affaire. Et le système se dérègle peu à peu.

Les polluants et toxiques divers (médicaments, alcool, tabac…), la malbouffe pauvre en fibres et en nutriments intéressants et son lot d’additifs peuvent perturber le microbiote, nos bactéries intestinales dont on connait aujourd’hui l’importance. La dysbiose qui peut apparaitre est impliquée dans l’apparition de nombreuses pathologies aussi bien métaboliques, qu’inflammatoires ou psychologiques…

Les sensations alimentaires elles-mêmes peuvent être perturbées par notre psychisme. Un stress ou un sommeil de mauvaise qualité, les hormones déclenchant les sensations de faim et satiété étant très sensibles à ces facteurs. Qui n’a pas ressenti une fringale extrême suite à un examen particulièrement stressant qui nous avait coupé l’appétit ? Qui n’a pas éprouvé ces envies de grignotages incessantes suite à une petite nuit ? Les sensations alimentaires se mélangent avec les émotions et la fatigue, les signaux de faim et satiété sont complétement brouillés. ( cf article « Envies de sucre : des causes pas seulement émotionnelles »)

On peut aussi être contraints par notre éducation. Comment ne pas se sentir coupable de ne pas finir son assiette alors que depuis l’enfance on nous apprend à ne pas gaspiller ? La réception du signal « satiété » est alors impossible. On ne peut simplement pas l’entendre.

Le flot d’informations sur l’alimentation est lui-même un perturbateur. On lit partout depuis des décennies que les féculents font grossir, alors comment en manger sereinement, en juste quantité ?

Certains sont dans l’obsession du « bien manger » et s’imposent de telles dictats alimentaires que cela rend toute auto-régulation impossible. C’est un trouble du comportement alimentaire des temps modernes appelé « orthorexie » (article à venir « orthorexie : peur de manger ou peur de vivre ? »)

Tous ces messages inscrits insidieusement dans notre inconscient au fil du temps sont une source importante de dérégulation alimentaire.

L’ensemble de ces dérèglements constituent des causes de surpoids, et avant de penser à rééquilibrer la balance énergétique, il faut faire en sorte que l’équilibre global du corps soit rétabli.

Comment rétablir l’équilibre global et l’équilibre alimentaire ?

La démarche doit prendre l’individu dans sa globalité.

Pour commencer soigner son hygiène de vie, en ayant un sommeil de qualité. Les pratiques telles que la sophrologie, le Yoga, la médiation pleine conscience peuvent y contribuer.

Les bienfaits d’une activité physique adaptée pratiquée régulièrement ne sont plus à démontrer.

L’activité physique s’inscrit dans une démarche globale de prendre soin de soi. Elle permet également de se reconnecter à son corps et à ses besoins. De prendre conscience que le corps doit être soigné et écouté : boire un verre d’eau, se reposer, respirer profondément, marcher autant d’actes naturels qui satisfont à nos besoins et avec lesquels nous prenons soin de nous.

Une vie relationnelle enrichissante participe à notre bien être émotionnel de même que des activités et un mode de vie limitant le stress ou tout au moins permettant sa régulation. Vivre ses émotions positives…

Et last is not the least, adopter une alimentation sur en mode « un peu de tout », diversifiée et agréable au goût. Soigner son microbiote en lui apportant des fibres…


March 25, 2021

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